Les passereaux
Les conteurs savent bien que les histoires sont des oiseaux de passage, des passereaux qui chantent dans les pommiers en fleurs. Sur le fil de nos vies, elles se posent… et s’envolent sitôt qu’on veut les approcher.
Les conteurs savent bien que les histoires sont comme les nuages et le vent, les chevaux indomptés, les baleines nomades, les fauves sauvages et fiers. Elles vont et viennent comme bon leur semble, se moquent éperdument des passeports et des sauf-conduits, et n’ont que faire des postes frontières ou des clôtures électrifiées.
Les conteurs savent bien que les histoires traversent l’espace et le temps à leur guise. Elles voyagent indifféremment dans des bateaux corsaires, des roulottes bariolées ou des trains de banlieue. Elles arpentent les déserts au rythme des chameaux, survolent les montagnes sur le dos des dragons, et courent les forêts en compagnie des loups.
Les conteurs savent bien que les histoires fréquentent autant les diables que les dieux. Elles passent de monastères en maisons closes, et de palais de marbre en sombres pénitenciers. Elles peuvent festoyer à la table d’un prince et dormir juste après dans un fossé humide, ou bien zoner un soir au pied d’un HLM, et crécher le lendemain dans un quartier huppé.
Les conteurs savent bien que les histoires vont de la Terre à la Lune, et inversement ; elles sillonnent la mer des Sargasses comme celle de la Tranquillité. Elles taillent la route sur tous les chemins, ceux des pèlerins comme ceux de contrebande, ceux qui mènent à Rome, Buenos Aires, Yaoundé…
Pour toutes ces raisons, les conteurs savent parfaitement que les histoires sont libres : elles n’acceptent ni maître, ni cage, ni licou. Et les conteurs savent donc aussi que les histoires ne leur appartiennent pas, qu’ils peuvent seulement les suivre aux quatre coins du monde, qu’ils peuvent juste tenter de marcher dans leurs traces, accompagner un temps leur longue transhumance, emprunter leurs sentiers comme des cœurs vagabonds, et espérer, peut-être, à force de patience, approcher les passereaux qui chantent dans les pommiers.
DURÉE DU SPECTACLE : 40 minutes
PUBLIC : tout public, adultes et enfants à partir de 6 ans
DISTRIBUTION : Simone BALTHAZAR et Benoît VINCENT
ÉCRITURE : Simone BALTHAZAR et Benoît VINCENT








