L'ÉCRITURE : UNE QUESTION D'IDENTITÉ
Écrire n’est jamais un acte anodin, ni facile. En effet, peu importe le sujet abordé, que celui-ci soit trivial, administratif, privé ou artistique, lorsque nous écrivons, nous parlons d’abord de nous. Nous laissons, sur le papier, une trace de notre identité. Aussi, quand nous sommes amenés à écrire, qu’il s’agisse d’une simple note ou d’un texte plus long, de nombreuses questions peuvent se bousculer dans notre tête. Quelle image allons-nous laisser ? Que vont penser les personnes qui nous lisent ? Va-t-on nous juger ? Avons-nous le droit de nous exprimer par écrit, si nous ne maîtrisons pas toutes les ficelles de la grammaire et de l’orthographe ? Pouvons-nous offrir quelque chose de beau, alors que nous nous sentons parfois tellement maladroits ?
L'ÉCRITURE : UN MOYEN D'EXPRESSION ET UN DROIT
Ces questions, tout le monde se les pose. Et si ces interrogations, bien légitimes, peuvent susciter de l’appréhension ou de la crainte, il est primordial, d’après nous, de rappeler un point essentiel : l’écriture n’est pas seulement un moyen d’expression, c’est d’abord et surtout un droit. Par conséquent, notre atelier d’écriture constitue un espace privilégié où exercer ce droit. Ainsi, au cours des différentes séances, nous mettrons un point d’honneur à ce que chaque personne soit comprise et respectée. En effet, pour que la découverte, l’expérimentation et l’approfondissement de nouvelles pratiques soient possibles, il est indispensable de se sentir en sécurité, au sein d’un groupe bienveillant. Évidemment, si la convivialité et l’amusement constituent des éléments incontournables de notre atelier, ce dernier comporte également des exigences. Écrire demande, il est vrai, de la régularité et du sérieux.
L'ÉCRITURE : UN PROCESSUS INDIVIDUEL ET COLLECTIF
Si écrire reste souvent conçu comme une activité éminemment personnelle, participer à un atelier d’écriture présente une dimension relationnelle évidente. Il s’agit de travailler ces deux axes, dans une dynamique à la fois individuelle et collective. Bien entendu, nous espérons pouvoir accueillir, comprendre et soutenir chaque participant dans son parcours singulier d’écriture. Mais nous appelons aussi de nos vœux l’émergence d’un vrai groupe, et ce, en étant parfaitement conscients des échanges, des forces et des défis que cela implique.
Pour respecter le rythme de chaque personne et la temporalité du groupe, il nous semble capital de proposer régulièrement des temps d’écriture en solo et des moments d’accompagnement avec l’un des animateurs. Dans la même veine, il s’agit aussi de réserver certaines périodes aux échanges entre les participants, soit en grand groupe, soit au sein de sous-groupes. Rappelons-le : écrire, c’est toujours entrer en relation avec un tiers. Or, lorsque ce tiers fait preuve de bienveillance, lorsqu’il compte sur moi pour poser un regard respectueux sur son propre travail d’écriture, ce tiers, source d’inquiétude qu’il était peut-être, perd son rang de juge et acquiert un statut d’allié, de partenaire. Le groupe peut alors se transformer en un véritable moteur, et chaque personne devenir plus confiante en ses propres ressources.
L'ÉCRITURE : UN CHOIX LIBRE DU FOND, DE LA FORME ET DU SUPPORT
Si animer un atelier d’écriture s’apparente à l’activité musicale par l’importance donnée au rythme, il ne faut pas oublier un élément essentiel, capital : les thématiques travaillées dans le processus d’écriture. Même si le commanditaire de l’atelier peut nourrir certaines attentes à ce propos, notre approche se veut sensible, vivante et engagée. Par conséquent, le choix d’un thème, qui servirait de fil rouge durant l’ensemble des séances, ne peut en aucun cas être imposé, ni même malicieusement suggéré aux membres de l’atelier. Par respect pour les participants, nous défendons, en effet, le libre choix. Grâce à cette approche que nous qualifions de sensible, chaque personne peut librement témoigner de ses doutes, de ses aspirations, de ses choix, de ses revirements et de ses contradictions. Il s’agit, en définitive, de clamer haut et fort le caractère second de l’écriture par rapport à la vie vécue, autrement dit par rapport à la richesse dont chaque être humain est porteur.
Cette richesse peut trouver à s’exprimer par l’écriture – évidemment – mais il ne s’agit pas là du seul moyen possible. De même, il n’existe pas un type unique d’écriture, valable pour tous et en tout temps. Il convient, au contraire, de proposer au groupe de s’essayer à des formes variées – aphorismes, fragments, poèmes, anecdotes, témoignages, nouvelles, chanson, photolangage, calligrammes, contes, etc. – afin de trouver celle avec laquelle un compagnonnage semble possible.
Enfin, si les mots peuvent être couchés sur le papier, d’autres méthodes existent pour garder une trace du travail d’écriture. Les mots peuvent se faire calligraphies, dessins ou fresques ; ils peuvent aussi prendre le large, se transformer en sons mélodieux, en phrases déclamées ou slamées devant un public ; il est également possible d’en enregistrer l’empreinte sonore, sous la forme d’un podcast. Bref, à la multiplicité des sujets et des formes correspond une multiplicité de supports capables d’accueillir l’écriture. Une fois encore, la sensibilité de chaque personne se doit d’être respectée.
L'ÉCRITURE : UNE PRATIQUE AU SERVICE DE LA VIE
En conclusion, ce que nous souhaitons partager avec les membres de l’atelier d’écriture, c’est un moment durant lequel l’écrit se met humblement au service de la vie. Car la vie, la vie quotidienne, la vie dans chacun de ses aspects qui pourraient passer pour anodins, la vie dans ce qu’elle a d’extraordinaire ou d’incroyable, la vie avec ses splendeurs et ses misères, la vie avec ses hauts et ses bas, la vie, donc, nous semble infiniment plus grande, plus belle, plus forte, plus importante que l’écriture !